
il promet confort et connectivité, mais fait craindre la disparition des zones encore épargnées par le numérique
Depuis des années, l'injonction de passer son téléphone en mode avion avant le décollage fait figure de rituel plus que de réelle précaution technique. Dans les commentaires recueillis autour de ce sujet, plusieurs perspectives émergent : scepticisme face à l’efficacité ou à la nécessité du mode avion, ironie sur les incohérences des consignes de sécurité, et rappels techniques sur l’impact possible, quoique limité, des signaux GSM sur les instruments de bord. Beaucoup reconnaissent que la principale utilité du mode avion est devenue la préservation de la batterie, plus que la sécurité aérienne. D'autres soulignent qu'en cas de véritable danger, des mesures plus strictes et automatisées auraient été mises en œuvre depuis longtemps.
Dans ce contexte, le déploiement du Wi-Fi Starlink par United Airlines marque un tournant symbolique et technologique. L’introduction d’une connectivité rapide et stable à bord, disponible dès l’embarquement et durant toutes les phases du vol, accentue le basculement vers un nouveau paradigme : celui d’une cabine d’avion toujours connectée, où le « mode avion » perd sa fonction symbolique de déconnexion. Si cette avancée promet un confort numérique inédit, elle alimente aussi les craintes de voir s’effacer les derniers sanctuaires analogiques, ces rares moments où l’on pouvait, sans culpabilité, échapper aux sollicitations constantes du monde connecté.
La nouvelle expérience de connexion « porte à porte » proposée par United Airlines offre un Wi-Fi extrêmement rapide, une vitesse de téléchargement légèrement inférieure, et une latence suffisamment faible pour permettre les appels vidéo – bien que ceux-ci soient découragés. Jeudi dernier, j’ai embarqué à bord de l’un des premiers avions de la compagnie équipé de la technologie Starlink de SpaceX. Le Wi-Fi s’est révélé aussi rapide que promis, au point de me faire envisager la fin des connexions lentes en vol, des frais de connexion excessifs, ou même de cette étrange tradition consistant à considérer l’avion comme un refuge temporaire contre le travail.
Le vol test s’est déroulé à bord d’un Embraer E-175, un appareil régional à fuselage étroit pouvant transporter jusqu’à 88 passagers. D’une durée d’environ 90 minutes, le vol a décollé et atterri à la même porte d’embarquement de l’aéroport O’Hare de Chicago. Malgré son caractère purement démonstratif, l’ambiance était festive : plusieurs cadres de United, en tablier, servaient des collations de première classe et du champagne en gobelets en plastique. Autrefois, les passagers étaient sommés de passer leurs téléphones en mode avion pour des raisons de sécurité. Désormais, la compagnie les encourage à naviguer, streamer ou jouer à leur guise grâce à cette nouvelle connectivité.
United a été la première des trois grandes compagnies aériennes américaines à annoncer, dès l’an dernier, l’intégration de Starlink dans sa flotte, initialement prévue pour fin 2025. Mais le calendrier a été accéléré, et la compagnie prévoit de débuter officiellement les vols commerciaux équipés de ce système le 15 mai, en commençant par la liaison entre Chicago et Detroit. Le vol auquel j’ai participé n’était donc qu’un test, destiné à mettre en valeur les performances du service. Parmi les passagers figuraient des journalistes, des influenceurs, un streamer Twitch et un représentant de Blizzard, l’éditeur de jeux vidéo.
Contrairement aux systèmes concurrents qui ne fonctionnent qu’au-dessus de 10 000 pieds, le service Starlink est actif dès l’embarquement. À peine assis, j’ai été invité à me connecter via l’application mobile de United, après avoir créé un compte gratuit au programme de fidélité MileagePlus. Pour accéder au réseau, les passagers doivent accepter certaines règles, notamment l’interdiction des appels vocaux ou vidéo, l’usage obligatoire d’écouteurs et l’interdiction de contenus pouvant choquer les autres voyageurs. Pour l’instant, United n’a pas l’intention de faire payer ce Wi-Fi, ce qui constitue une différence notable par rapport à la concurrence, où les tarifs varient de 8 dollars par vol à plusieurs centaines de dollars par an.
Avant ce partenariat, United utilisait divers fournisseurs pour son service en vol, notamment Intelsat sur les vols régionaux et Panasonic sur les gros-porteurs. Désormais, l’objectif est d’équiper les 1 026 avions de la flotte avec des modems Starlink, en commençant par les appareils régionaux à deux cabines avant d'étendre le service aux lignes principales. Selon David Kinzelman, directeur de la clientèle, l’objectif est clair : offrir un accès Internet à bord aussi fluide et complet qu’à la maison, que ce soit pour le travail, le divertissement ou les achats en ligne.
Starlink en cabine : confort numérique ou nouvelle prison connectée ?
Le Wi-Fi de Starlink surpasse celui de nombreux autres fournisseurs grâce à ses milliers de satellites en orbite basse (plus de 7 000 actuellement). Si cette constellation massive soulève des questions concernant les débris spatiaux et la saturation de l’orbite terrestre, elle permet aussi une latence bien plus faible que les satellites géostationnaires, grâce à la distance réduite parcourue par le signal.
United n’est pas la première compagnie aérienne à adopter Starlink – Hawaiian Airlines et JSX l’ont précédée. De plus en plus de compagnies aériennes annoncent des accords avec SpaceX. Le 26 septembre, Air France a révélé avoir signé un contrat similaire avec Starlink pour fournir à ses passagers un service Wi-Fi à bord. À l’instar d’United Airlines et de Hawaiian Airlines, Air France prévoit d’installer cette technologie à partir de 2025. En attendant, la compagnie continuera à proposer ses services existants, notamment un « Message pass » gratuit pour les membres de son programme de fidélité et une offre payante pour les autres voyageurs.
Mais en tant que plus grand transporteur d’Amérique du Nord, ce choix marque un tournant significatif. Pour l’instant, on ignore quand la technologie sera déployée sur les vols internationaux ou intégrée au réseau Star Alliance. Cependant, Richard Nunn, PDG de United MileagePlus, a laissé entendre que d’autres annonces suivraient prochainement. Si cette initiative peut paraître généreuse (un Wi-Fi ultra-rapide et gratuit ?), United compte bien en tirer profit. « Grâce à la faible latence de Starlink, nous pouvons diffuser des publicités ciblées en temps réel, avec une réactivité de moins de 100 millisecondes, dans un environnement hyper-personnalisé », explique Nunn.
Mais au-delà des annonces publicitaires, c’est l’impact sur le travail à distance qui interpelle. Auparavant, les vols offraient une échappatoire bienvenue aux notifications incessantes de Slack et aux e-mails. On pouvait en profiter pour regarder un nanard ou se plonger dans un livre. Désormais, avec un Wi-Fi haut débit à 10 000 mètres d’altitude, ces excuses ne tiendront plus. Bon courage pour échapper à la surcharge numérique lors de votre prochain voyage.
Wi-Fi en avion : faut-il vraiment être connecté à tout prix ?
En septembre 2024, United Airlines a conclu un partenariat avec SpaceX pour équiper ses vols d’une connexion Wi-Fi haut débit via le réseau satellitaire Starlink. L’objectif est d’offrir aux passagers une expérience Internet comparable à celle dont ils bénéficient au sol, même à plus de 10 000 mètres d’altitude. Grâce à cette technologie, les passagers pourront diffuser des contenus en streaming, jouer en ligne et accéder aux réseaux sociaux, que ce soit sur les écrans intégrés aux sièges ou sur leurs appareils personnels. United a précisé que ce service serait gratuit et permettrait la connexion simultanée de plusieurs appareils. La mise en service complète est prévue d’ici la fin de l’année 2025.
Cette initiative s’inscrit dans une volonté plus large d’améliorer la qualité du Wi-Fi en vol, longtemps critiquée par les voyageurs pour sa lenteur, son instabilité et son coût élevé. Pendant des années, rester connecté dans un avion relevait souvent du défi, poussant de nombreux passagers à renoncer à Internet pendant le vol. United Airlines espère changer cette perception en déployant progressivement Starlink sur l’ensemble de sa flotte. Les premiers tests commenceront dès le début de l’année prochaine, avec une mise en service progressive sur certains trajets d’ici fin 2025.
Parallèlement, les implications géopolitiques de Starlink suscitent l’inquiétude de certains pays, notamment la Chine. Depuis plusieurs années, Pékin redoute que le réseau satellitaire de SpaceX puisse être utilisé par les États-Unis à des fins militaires. Toutefois, une récente expérience menée par des chercheurs chinois aurait démontré que Starlink pourrait également être exploité par la Chine à son propre avantage. Ces chercheurs affirment avoir réussi à détecter des avions furtifs américains, tels que les F-22 et F-35, en s’appuyant sur les signaux émis par les satellites Starlink. Cette avancée technologique pourrait avoir des répercussions significatives sur les stratégies de défense et les dynamiques de la guerre moderne.
En 2022 déjà, un article publié dans China Military Online, média officiel de la Commission militaire centrale chinoise dirigée par le président Xi Jinping, mettait en garde contre les risques stratégiques posés par Starlink. L’article évoquait la capacité potentielle de ce système à renforcer l’hégémonie américaine dans l’espace, en particulier après l’envoi par SpaceX de 53 satellites vers l’orbite terrestre basse à bord d’une fusée Falcon 9. Le rôle de Starlink pendant la guerre russo-ukrainienne a renforcé ces préoccupations, Elon Musk ayant fourni des terminaux Starlink à l’Ukraine pour rétablir les communications dans les zones touchées par les bombardements russes.
Selon Musk, Starlink était parfois le seul système de communication encore opérationnel dans certaines régions d’Ukraine. Cependant, des informations ont également circulé sur l’utilisation du réseau par les forces armées ukrainiennes pour mener des frappes ciblées contre des équipements russes. Des experts estiment que Starlink aurait pu être intégré à des opérations de drones, exploitant des technologies avancées telles que l’analyse de mégadonnées ou la reconnaissance faciale. Cette utilisation potentielle à des fins militaires renforce les craintes internationales, d’autant plus que SpaceX prévoit désormais d’augmenter le nombre de satellites Starlink de 12 000 à 42 000, une expansion perçue comme incontrôlée par certains observateurs.
Wi-Fi satellitaire en avion : entre progrès technologique et nouveaux défis
Le Wi-Fi de Starlink surpasse celui de nombreux autres fournisseurs grâce à ses milliers de satellites en orbite basse (plus de 7 000 actuellement). Si cette constellation massive soulève des questions concernant les débris spatiaux et la saturation de l’orbite terrestre, elle permet aussi une latence bien plus faible que les satellites géostationnaires, grâce à la distance réduite parcourue par le signal.
United n’est pas la première compagnie aérienne à adopter Starlink – Hawaiian Airlines et JSX l’ont précédée. Mais en tant que plus grand transporteur d’Amérique du Nord, ce choix marque un tournant significatif. Pour l’instant, on ignore quand la technologie sera déployée sur les vols internationaux ou intégrée au réseau Star Alliance. Cependant, Richard Nunn, PDG de United MileagePlus, a laissé entendre que d’autres annonces suivraient prochainement.
Si cette initiative peut paraître généreuse (un Wi-Fi ultra-rapide et gratuit ?), United compte bien en tirer profit. « Grâce à la faible latence de Starlink, nous pouvons diffuser des publicités ciblées en temps réel, avec une réactivité de moins de 100 millisecondes, dans un environnement hyper-personnalisé », explique Nunn. Mais au-delà des annonces publicitaires, c’est l’impact sur le travail à distance qui interpelle. Auparavant, les vols offraient une échappatoire bienvenue aux notifications incessantes de Slack et aux e-mails. On pouvait en profiter pour regarder un nanard ou se plonger dans un livre. Désormais, avec un Wi-Fi haut débit à 10 000 mètres d’altitude, ces excuses ne tiendront plus. Bon courage pour échapper à la surcharge numérique lors de votre prochain voyage.
Avions connectés, passagers surveillés : le paradoxe du Wi-Fi gratuit
L’introduction du Wi-Fi Starlink par United Airlines marque une étape fascinante dans l’évolution de la connectivité en vol, mais elle soulève des questions plus profondes sur ce que nous gagnons – et perdons – dans cette course à la performance numérique. D’un côté, les débits élevés et la faible latence transforment l’expérience à bord, permettant enfin un usage fluide d’Internet, comme à terre. Le streaming, le télétravail ou même les jeux en ligne deviennent possibles, effaçant l’un des derniers bastions de déconnexion forcée. Mais cette avancée technologique n’est pas sans ironie : alors que les compagnies aériennes imposaient autrefois le mode avion pour des raisons obscures, elles promeuvent aujourd’hui une hyperconnectivité qui pourrait bien rendre les voyages encore plus épuisants.
La promesse d’un Wi-Fi "comme à la maison" est séduisante, mais elle cache des réalités moins glamours. D’abord, les performances, bien qu’impressionnantes, restent inégales – comme le montre la lenteur des téléchargements, symptôme des limites inhérentes aux réseaux satellitaires. Ensuite, le modèle économique derrière cette gratuité affichée mérite examen. Si United compte monétiser cette connectivité via des publicités ciblées en temps réel, jusqu’où iront les intrusions dans l’expérience client ? L’idée de recevoir des annonces "hyperpersonnalisées" à 10 000 mètres d’altitude rappelle que, dans l’aviation comme ailleurs, quand un service est "gratuit", c’est souvent l’utilisateur qui devient le produit.
Par ailleurs, cette innovation interroge notre rapport au temps et à l’espace. Les vols long-courriers étaient jusqu’ici des parenthèses où l’on pouvait légitimement ignorer ses e-mails, sous prétexte de « mauvaise connexion ». Avec Starlink, cette excuse disparaît, et avec elle, peut-être, l’un des rares moments où la société acceptait encore une pause numérique. Faut-il s’en réjouir ? Dans un monde où la frontière entre vie professionnelle et personnelle s’est déjà largement effacée, l’avion risquerait de devenir un simple prolongement du bureau – ou pire, un open-space volant où les conversations Slack et les réunions Zoom envahiraient l’espace sonore déjà contraint.
Enfin, il ne faut pas négliger les enjeux techniques et environnementaux liés à Starlink. La constellation de satellites en orbite basse, bien qu’efficace, alimente les craintes de surcharge orbitale et de pollution spatiale. Si l’industrie aéronautique se tourne massivement vers cette solution, comment garantir sa durabilité face à l’explosion des débris spatiaux ? United mise sur l’innovation, mais à quel prix pour l’écosystème spatial déjà fragile ?
Au final, le Wi-Fi Starlink en vol est une prouesse indéniable, mais son succès dépendra de la façon dont les compagnies aériennes et les passagers en géreront les implications. Entre confort numérique et préservation des moments de répit, entre gratuité apparente et monétisation intrusive, cette technologie pourrait bien refléter les contradictions de notre époque hyperconnectée. La vraie question n’est peut-être pas de savoir si le mode avion va disparaître, mais plutôt si nous saurons encore, collectivement, éteindre nos écrans – ne serait-ce que pour regarder par le hublot.
Sources : United Airlines, Starlink,
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