
Une initiative qui fait penser à l’Internet souverain russe destiné à s’affranchir de la dépendance aux USA
La Chine s'est coupée d'une grande partie de l'Internet mondial pendant un peu plus d'une heure en milieu de semaine écoulée. Le groupe d'activistes Great Firewall Report a repéré la panne, qui, selon lui, a perturbé tout le trafic vers le port TCP 443 – le port standard utilisé pour acheminer le trafic HTTPS. L’incident fait penser aux tests de l’Internet souverain russe destiné à s’affranchir de la dépendance technologique aux USA.
« Entre environ 00 h 34 et 01 h 48 (heure de Pékin, UTC+8) le 20 août 2025, le grand pare-feu de Chine (GFW) a présenté un comportement anormal en injectant sans condition de faux paquets TCP RST+ACK pour perturber toutes les connexions sur le port TCP 443 », a écrit le groupe dans un article publié mercredi.
Cette perturbation a empêché les internautes chinois d’accéder à la plupart des sites Web hébergés en dehors de la Chine. L'incident a en sus bloqué d'autres services qui dépendent du port 443, qui gère les communications avec des serveurs ou des sources d'informations en dehors de la Chine. Par exemple, Apple et Tesla utilisent le port pour se connecter à des serveurs offshore qui alimentent certains de leurs services de base.
Great Firewall Report estime que l’appareil à l’origine du blocage « ne correspond aux empreintes digitales d’aucun appareil connu au sein de la grande muraille numérique. » Le groupe pense donc que l’incident « a été causé soit par un nouveau périphérique au sein de ma grande muraille numérique, soit par un périphérique connu fonctionnant dans un état nouveau ou mal configuré ». La Chine testait peut-être sa capacité à bloquer le port 443.
🚨 Breaking! Midnight internet blackout in China!
— Inconvenient Truths by Jennifer Zeng (@jenniferzeng97) August 20, 2025
From @Apple to @Tesla, major websites went dark as port 443 traffic was blocked nationwide. Experts call it a “firewall stress test” — and warn of new “walls within the wall” emerging at the provincial level.
👀 Watch how the… https://t.co/HPXaw0I7PT pic.twitter.com/EkVXiz6iz4
L’incident en Chine n’est pas sans faire penser à l’initiative russe dénommée Runet
La Russie développe depuis plusieurs années une infrastructure technologique gigantesque à l'échelle du pays qui lui permettrait de se déconnecter de l'Internet mondial en cas de besoin ou de guerre. L'initiative vise à assurer l'indépendance de l'espace Internet russe (Runet) et se préparer à un éventuel scénario dans lequel les pays occidentaux décideraient de déconnecter la Russie de l'Internet mondial pour mettre fin aux campagnes de cyberattaques russes.
La Russie, à l’instar de l'Iran et la Corée du Nord, est régulièrement accusée de cyberattaques dangereuses, et les pays membres de l'OTAN ont annoncé à plusieurs reprises qu'ils réfléchissent à « une réponse plus ferme » à ces piratages. Le Kremlin s'est préparé à cette éventualité au cours des dernières années et a dépensé des sommes colossales pour encourager les FAI à modifier leurs infrastructures pour favoriser l'émergence de l'Internet souverain russe.
L'infrastructure, connue sous le nom de Runet, aurait été testée de nouveau lors du week-end du 7 au 8 décembre 2024 par l'autorité russe chargée des communications, Roskomnadzor. Cette dernière a coupé l'accès à l'Internet mondial pour les résidents du Daghestan, de la Tchétchénie et de l'Ingouchie. Pendant la période de test, les résidents de ces régions n'ont pas pu accéder aux sites Web et applications étrangers, dont YouTube, Google, WhatsApp, etc.
Ces trois régions se trouvent dans le sud-ouest de la Russie, près des frontières avec la Géorgie et l'Azerbaïdjan. Les données de l'organisme de surveillance d'Internet NetBlocks confirment que les autorités russes ont rétabli la connectivité Internet au Daghestan tard le samedi 7 décembre 2024, après 24 heures de blocage. Roskomnadzor aurait décrit ce blocage comme un essai de « sa capacité à désactiver l'accès à l'Internet étranger dans une région spécifique ».
La Russie a déjà testé en 2024 le blocage ou la restriction de sites comme YouTube en ralentissant les vitesses à tel point que les sites sont pratiquement inutilisables. Elle aurait investi 648 millions de dollars dans Runet et dans des technologies capables d'imposer des restrictions.
Russia provides a compelling model of resistance, having drastically reduced its cyber-dependency through sovereign systems like Runet and national champions like Yandex. pic.twitter.com/3XuLlN2Txz
— Association Sovereignty (@ASovereign30930) August 18, 2025
C’est de quête d’indépendance vis-à-vis des technologies américaines dont il est question dans le fond
Les sanctions américaines semblent plutôt avoir pour effet inattendu de stimuler l’innovation dans les pays qui dépendaient de ses technologies. En Chine, Huawei a divorcé d’Android avec le lancement d’HarmonyOS Next - un système d’exploitation architecturé autour d’un micronoyau et qui se positionne comme alternative à Android et iOS. Le ministère russe du développement numérique a annoncé son intention de créer une communauté de développement Linux indépendante à la suite du retrait des contributeurs russes du développement du noyau Linux. C’est dire que les initiatives se multiplient dans le but de s’affranchir de la dépendance aux technologies américaines.
Et vous ?


Voir aussi :





Vous avez lu gratuitement 2 810 articles depuis plus d'un an.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.