
La Chine dispose d'un outil capable de sectionner les câbles Internet sous-marins
La nouvelle a été rapportée par le South China Morning Post, qui cite un article révisé par des pairs et publié dans la revue Mechanical Engineer en langue chinoise le 24 février. Le dispositif est capable de fonctionner à une profondeur allant jusqu'à 4 000 mètres, soit deux fois la portée opérationnelle maximale des infrastructures de communication sous-marines existantes. Il a été conçu pour être utilisé avec les submersibles avancés (habités ou non) du pays.
Le dispositif a été mis au point par le Centre chinois de recherche scientifique sur les navires (CSSRC) et le Laboratoire d'État des véhicules habités en haute mer. Selon le journal, les chercheurs affirment que l'outil a été inventé à des fins de sauvetage de civiles et d'exploitation minière des fonds marins. Toutefois, ses autres capacités pourraient alarmer certains pays. Il est capable de couper les câbles et les lignes électriques situés dans les profondeurs de l'océan.
Le coupe-câble chinois constitue en effet une menace pour les câbles blindés (en acier, caoutchouc et polymère) qui assurent 95 % des transmissions de données dans le monde, ce qui pourrait perturber les réseaux de communication sous-marins et les infrastructures énergétiques du monde entier.
Sur la toile, les internautes s'interrogent notamment sur les raisons derrière le développement et la révélation de l'existence de ce coupe-câble. « Pourquoi l'avoir annoncé et ne pas l'avoir gardé pour l'utiliser secrètement en cas de besoin ? Il semble que ce soit une occasion manquée pour eux », a écrit un critique. Un autre souligne que l'apparition d'outils de ce type pourrait accentuer la vulnérabilité des câbles sous-marins et renforcer le pouvoir d'Elon Musk.
« Pour clarifier, je déteste Elon Musk. Mais ce genre de chose ne risque-t-il pas de mettre plus de pouvoir entre les mains de ceux qui disposent d'une solide infrastructure Internet par satellite ? C'est-à-dire Starlink. Le coupe-câble chinois représente un défi de taille pour les autres pays », a écrit un critique.
L'OTAN travaille sur un système qui permettra de passer sans heurt des câbles sous-marins aux satellites en cas d'incidents, un projet mis en lumière par la rupture récente de plusieurs câbles dans la Baltique. Selon les experts, le système permettra de localiser rapidement les dommages subis par les câbles sous-marins avec une précision d'un mètre et de trouver d'autres itinéraires que les données pourront emprunter en cas de rupture d'une ligne particulière.
Le système sera programmé notamment pour réacheminer rapidement et automatiquement les données affectées vers les satellites. Les experts de l'OTAN insistent sur la nécessité d'un tel système de relais à la suite des ruptures successives de plusieurs câbles sous-marins situés dans la mer Baltique.
Préoccupations concernant la sécurité mondiale et la stabilité des communications
Le potentiel de double usage de l'outil soulève des inquiétudes pour d'autres nations. Par exemple, selon le rapport, couper des câbles près de points d'étranglement stratégiques tels que Guam pourrait perturber les communications mondiales, signalant une crise géopolitique. Ces câbles sont essentiels à la stratégie de défense de la deuxième chaîne d'îles de l'armée américaine. Les câbles sous-marins font partie des infrastructures les plus sensibles au monde.
L'équipe qui a conçu le coupe-câble chinois est dirigée par l'ingénieur Hu Haolong. Le rapport indique que la conception du dispositif de coupe a permis de relever avec succès de nombreux défis techniques importants posés par les conditions des grands fonds marins, notamment la pression sous-marine.
Le dispositif peut fonctionner jusqu'à 4 000 mètres de profondeur, où la pression de l'eau est absolument immense (environ 400 atmosphères ou 40 mégapascals). La coque en alliage de titane de l'appareil et les joints à compensation d'huile empêchent l'implosion, même en cas d'utilisation prolongée.
Les lames conventionnelles sont inefficaces contre les câbles renforcés d'acier. Pour résoudre ce problème, Hu Haolong et son équipe ont créé une meule diamantée de 150 mm tournant à 1 600 tours/minute, générant une force suffisante pour briser l'acier tout en minimisant la perturbation des sédiments marins.
Conçu pour les submersibles aux ressources énergétiques limitées, l'outil est doté d'un moteur d'un kilowatt et d'un réducteur de vitesse de 8:1, ce qui permet d'équilibrer le couple (6 newtons-mètres) et l'efficacité, bien qu'une utilisation prolongée puisse entraîner une surchauffe. Actionné par des bras robotisés dans une visibilité proche de zéro, l'appareil intègre également une technologie de positionnement avancée pour garantir un alignement précis.
Renforcement croissant et inquiétant de l'infrastructure sous-marine de la Chine
Le lancement de ce coupe-câble marque une étape importante dans l'expansion de la présence de la Chine dans le domaine des infrastructures sous-marines. Pékin exploite aujourd'hui la plus grande flotte de submersibles avec ou sans équipage au monde, avec la capacité d'accéder à toutes les parties des océans de la planète. Selon les analystes, Pékin est aujourd'hui en mesure de mener des opérations qui pourraient remettre en question l'ordre mondial.
Le nouveau coupe-câble chinois, qui peut être utilisé à partir de plates-formes furtives sans équipage, a le potentiel d'exploiter les goulets d'étranglement stratégiques sans avoir à remonter à la surface. Cette capacité a suscité des discussions croissantes au sein des communautés de recherche militaire, notamment à la suite de la destruction du gazoduc russe situé dans les fonds marins par des acteurs non identifiés au cours de la guerre en Ukraine.
Toutefois, les scientifiques chinois insistent sur le fait que l'outil, qui a réussi à trancher des câbles de 60 mm d'épaisseur lors d'essais au sol, est conçu pour soutenir le « développement des ressources marines », les nations étant de plus en plus contraintes de s'orienter vers l'exploitation des ressources des mers.
Indépendamment des utilisations prévues, cette nouvelle percée permettra à la Chine de renforcer ses capacités de développement des ressources marines, de faire progresser l'économie bleue et de consolider son statut de puissance maritime, autant d'éléments essentiels à la réalisation de ses objectifs à long terme.
La sécurité des câbles en mer Baltique devient une préoccupation majeure
La croissance rapide du nombre d'internautes et la demande d'une plus grande largeur de bande ont entraîné une expansion fulgurante et incessante du réseau mondial de câbles sous-marins. La mer Baltique est une région stratégique qui accueille un nombre important de ces câbles Internet. Cela dit, l'expansion rapide du réseau a également augmenté les risques que ces câbles soient endommagés et a créé de nouvelles possibilités d'attaques et d'espionnage.
Les câbles sous-marins sont plus rapides, moins chers et plus fiables que d'autres solutions telles que les satellites, ce qui les rend indispensables à la vie moderne. Cependant, bien qu'ils soient généralement recouverts d'une armure de protection lorsqu'ils reposent au fond de la mer, ils restent vulnérables.
Au cours des cinq derniers mois, plusieurs ruptures de câbles sous-marins de télécommunication ont été signalées en mer Baltique. Ces incidents répétés ont suscité des préoccupations quant à la sécurité de ces infrastructures critiques. Voici quelques-uns des incidents recensés sur cette période :
Novembre 2024 : rupture de deux câbles
- rupture du câble BCS East-West Interlink : ce câble reliant la Lituanie à la Suède a été sectionné le 17 novembre 2024 ;
- rupture du câble C-Lion1 : ce câble connectant la Finlande à l'Allemagne a été sectionné le 18 novembre 2024.
Décembre 2024 : rupture de quatre câbles
- rupture de deux câbles exploités par Elisa : ces câbles relient Helsinki (Finlande) à Tallinn (Estonie) et ont été sectionnés le 25 décembre 2024 ;
- rupture d'un câble appartenant à CITIC Telecom : ce câble a été endommagé le 25 décembre 2024 ;
- rupture du câble C-Lion1 : déjà endommagé en novembre 2024, ce câble a subi de nouveaux dommages le 25 décembre 2024.
Janvier 2025 : un câble endommagé
- En janvier 2025, un câble reliant la Lettonie à l'île suédoise du Gotland a été endommagé, entraînant des perturbations dans les transmissions de données.
Février 2025 : dommages causés à un câble
- Le 21 février 2025, des dommages ont été signalés sur un câble reliant la Finlande à l'Allemagne, avec des soupçons de sabotage dans une zone à l'est de l'île du Gotland.
Ces incidents ont conduit à des enquêtes approfondies pour déterminer leurs causes. Les conclusions n'ont toujours pas été tirées. En attendant, les pays membres de l'OTAN ont déployé des mesures de surveillance accrues pour renforcer la protection de ces infrastructures essentielles.
Ces incidents soulignent également la vulnérabilité des câbles en mer Baltique, souvent situés dans une région marquée par des tensions g...
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