
Ce que l'on sait jusqu'à présent de la rupture des deux câbles sous-marins
Les 17 et 18 novembre 2024, deux câbles de télécommunications situées dans la Baltique ont été sectionnés. Les deux câbles endommagés sont le câble Arelion, qui relie la Suède à la Lituanie, et le câble C-Lion1, qui relie la Finlande à l'Allemagne. La rupture de ces câbles a perturbé les communications entre la Suède, la Lituanie, la Finlande et l'Allemagne. Les premières investigations n'ont pas apporté des réponses concluantes, mais beaucoup accusent la Russie.
Les soupçons se sont rapidement portés sur le navire chinois Yi Peng 3, présent dans la zone au moment des incidents. Les autorités suédoises ont demandé que ce cargo entre dans leurs eaux territoriales afin de faciliter l'enquête. La chaîne danoise TV2 a analysé des images sous-marines et des données du système d'identification automatique (AIS) et a découvert que le navire avait effectué une manœuvre suspecte près de l'île danoise de Læsø, le 7 novembre.
Les données AIS montrent que le Yi Peng 3, qui reliait Port-Saïd en Égypte à Ust-Luga en Russie, a ralenti lors de son passage au-dessus de deux câbles sous-marins au large de Læsø, avant de s'arrêter complètement. Le Yi Peng 3 est resté ainsi pendant environ cinq minutes avant que les hélices ne soient remises en marche et que le navire ne poursuive sa route vers le sud à travers le Kattegat. C'est la seule fois où le Yi Peng 3 a effectué une telle manœuvre.
Un porte-parole du commandement danois de la Défense a expliqué que « la défense danoise s'est davantage concentrée sur la surveillance dans et autour des eaux danoises et qu'elle surveille régulièrement les navires d'autres pays lorsqu'ils se trouvent dans les eaux territoriales danoises ».
Certains responsables européens ont déclaré qu'ils soupçonnent la Russie d'avoir endommagé ces deux câbles de télécommunication dans le cadre des opérations visant à soutenir son invasion de l'Ukraine. Le Kremlin a toutefois rejeté ces accusations, les qualifiant d'absurdes et de « risibles ».
Un ancien capitaine de navire et actuel analyste de la défense chez Nordic Defense Analysis a déclaré à TV2 : « je trouve suspect qu'un navire marchand, qui est en principe en transit d'un port à l'autre, se comporte de la sorte. Un navire marchand ne devrait normalement pas agir de la sorte ».
L'analyste de défense Jens Wenzel Kristoffersen a déclaré : « on peut voir sur les données AIS que le navire de 225 mètres de long n'a pas effectué de manœuvre d'évitement par rapport à un autre navire. Il est donc suspect que la vitesse ait été réduite juste au-dessus ou après les câbles ».
La Chine est accusée d'avoir refusé de collaborer dans le cadre de l'enquête
La Suède, la Finlande et la Lituanie enquêtent sur l'incident depuis la rupture des câbles. La Chine, dont le navire a été accusé d'avoir délibérément sectionné les câbles en traînant son ancre sur le fond marin sur une distance de 160 km, a nié toute responsabilité dans cet acte, qui aggraverait les tensions géopolitiques entre la Russie, l'OTAN et la Chine. Stockholm affirme avoir envoyé une demande officielle à la Chine, lui demandant de coopérer à son enquête.
À la fin du mois de novembre, le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a déclaré que les autorités suédoises avaient adressé à la Chine une demande officielle de coopération concernant les soupçons de sabotage et qu'elles cherchaient à obtenir des éclaircissements de la part de la Chine sur ce qu'il était advenu des câbles. La Chine a répondu qu'elle est prête à découvrir la vérité. Mais la Suède indique que les choses ne se sont pas passées comme prévu.
La ministre suédoise des Affaires étrangères, Maria Malmer Stenergard, a déclaré le lundi 23 décembre 2024 que « la Chine n'a pas accédé à la demande de la Suède d'autoriser des procureurs suédois à monter à bord du navire ». « La police suédoise s'est rendue à bord et a assisté en tant qu'observateur à l'enquête chinoise. La commission nationale des accidents a participé en tant qu'autorité chargée de l'enquête sur l'accident », a déclaré Maria Stenergard.
« Dans le même temps, je constate que la Chine n'a pas écouté notre demande de permettre au procureur de mener une enquête préliminaire à bord. Notre demande d'autoriser les procureurs suédois, ainsi que la police et d'autres personnes, à prendre certaines mesures d'investigation dans le cadre de l'enquête à bord reste d'actualité. Nous avons été clairs avec la Chine à ce sujet », a ajouté la ministre suédoise. Maria Stenergard a également déclaré :

« L'armateur, après une évaluation complète et une consultation avec les parties concernées, a décidé de reprendre ses activités. La Chine a informé à l'avance tous les pays concernés. La Chine est prête à maintenir la communication et la coopération avec les pays concernés pour faire avancer le suivi de l'incident », a déclaré à l'AFP Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
La Russie et la Chine rejettent les accusations des enquêteurs occidentaux
Les enquêteurs occidentaux pensent que l'équipage du Yi Peng 3, un vraquier chargé d'engrais russe, a traîné son ancre dans les fonds marins de la Baltique sur une distance de 160 km, ce qui a endommagé les câbles qui les traversent. Les enquêteurs tentent à présent de déterminer si des agents des services de renseignement russes ont ordonné la destruction des câbles. La Russie et la Chine rejettent toutefois en bloc les accusations des enquêteurs occidentaux.
Selon Wall Street Journal, des sources anonymes ont déclaré que le propriétaire du navire, Ningbo Yipeng Shipping, coopère avec les enquêteurs. Le média rapporte que plusieurs responsables occidentaux des services de police et de renseignement ne croient pas que la Chine ait pris part au stratagème présumé. Pour l'heure, outre les données indiquant que le Yi Peng 3 a ralenti au-dessus des câbles Internet, aucune preuve palpable n'a été fournie par l'enquête.
Le 30 novembre 2024, la Finlande et la Suède ont achevé la réparation des câbles sous-marins de la mer Baltique, corrigeant les perturbations provoquées. Les travaux, réalisés par le navire de maintenance Cable Vigilance, ont débuté le 25 novembre. Selon le PDG de Cinia, l'opérateur finlandais qui exploite le câble de télécommunication C-Lion1, « les réparations ont commencé rapidement et le problème a été résolu plus rapidement que prévu ».
Le second câble reliant la Suède à la Lituanie a quant à lui été réparé le 28 novembre au soir, selon Arelion, l'entreprise suédoise qui gère le câble. À la suite de ces séries de dommages...
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