Cette menace est en sus liée à l’explosion des pipelines Nord Stream 1 et 2 construits pour acheminer du gaz de la Russie vers l'Allemagne à travers la mer Baltique. Certains rapports font état de ce que les dirigeants russes considèrent qu’il s’agit d’une décision concertée des pays occidentaux à laquelle une coupure des câbles sous-marins – nécessaires au fonctionnement d’Internet et du système de navigation GPS – constituerait une réponse appropriée.
C’est ce que rapporte John Flannery – ancien procureur fédéral de New York – dans une récente sortie : « La Russie menace de couper l’Internet et le GPS de l’Occident. Cela est possible en détruisant les câbles sous-marins. » Au total, on estime à 10 000 milliards de dollars américains la valeur des transactions financières effectuées chaque jour au travers de ces câbles, qui constituent donc un véritable pivot économique, selon certains rapports.
Grosso modo, la Russie s'emploie à cartographier les infrastructures critiques de l’OTAN, tant sur terre que sur les fonds marins. La procédure fait partie d'un programme de reconnaissance sous-marine géré par une partie du ministère russe de la défense.
Stand & Talk - Russia threatens to kill the internet and GPS; Netanyahu is charging ahead at war while peace languishes; SC Smith revises the Trump charges in DC; AG Garland won’t push for recusal in Fl or trials before the election; Tx Latinos raided. https://t.co/SCLWb1xC0X pic.twitter.com/Y9uBCuRqvY
— John P. Flannery (@JonFlan) August 28, 2024
L'OTAN soutient une initiative qui vise à sauver Internet en redirigeant le trafic vers l'espace en cas d'attaques contre les câbles sous-marins
L'OTAN participerait au financement d'une initiative visant à garantir la continuité des communications Internet en cas de dommages causés aux câbles sous-marins. Un nouveau rapport indique que le projet devrait aboutir à un système permettant de réacheminer de manière transparente le trafic Internet des câbles sous-marins vers les systèmes satellitaires en cas de sabotage ou de catastrophe naturelle. L'OTAN aurait accordé une subvention de 400 000 euros à ce projet, dont le coût total du développement serait évalué à 2,5 milliards de dollars. En outre, le rapport ajoute que d'autres instituts de recherches apportent des contributions en nature.
C’est ce qui ressort d’un rapport de Bloomberg qui indique qu'une équipe d'universitaires des États-Unis, d'Islande, de Suède et de Suisse travaillent sur un moyen d'assurer la persistance des services Internet en cas de sabotage ou de rupture des câbles sous-marins qui acheminent les communications civiles et militaires dans les eaux européennes. L'équipe vise à développer un système qui réachemine de manière transparente le trafic Internet des câbles sous-marins vers une constellation de satellites Internet. Selon le rapport, le projet est financé à hauteur de 400 000 euros par le programme "Science pour la paix et la sécurité" (SPS) de l'OTAN.
Plus de 95 % des données numériques mondiales transitent de nos jours par des câbles sous-marins de télécommunications. Ces câbles sous-marins constituent des infrastructures stratégiques et hautement sensibles malheureusement confrontées à des risques géopolitiques et à des catastrophes naturelles. Ils forment un réseau maritime devenu la pierre angulaire de la mondialisation contemporaine ; et le sabotage ou la rupture d'un ou plusieurs câbles peut entraîner de graves conséquences dans le secteur de la finance ou le domaine militaire. Ces incidents sont survenus à plusieurs reprises au cours de ces dernières années.
Eyup Kuntay Turmus, conseiller et responsable du programme SPS, a confirmé que l'initiative a été récemment approuvée et a ajouté que la mise en œuvre commencerait "très bientôt". Selon le rapport, ce projet, qui n'a pas encore été annoncé publiquement, intervient alors que les experts craignent de plus en plus que la Russie ou la Chine ne pose des mines, ne sectionne ou n'altère les câbles sous-marins pour tenter de perturber les communications en cas de crise militaire. Les informations transportées par les câbles sous-marins représenteraient environ 10 000 milliards de dollars de transactions financières chaque jour.
En outre, la quasi-totalité du trafic Internet de l'OTAN passerait par ces câbles. C'est pourquoi l'OTAN a intensifié ses efforts pour protéger les câbles au cours des derniers mois. Selon le rapport, le projet est axé sur le développement de méthodes de détection des perturbations sur les câbles sous-marins, puis sur l'automatisation des offres d'accès à la bande passante des satellites (ou éventuellement à d'autres câbles sous-marins) pour rediriger les données. Des responsables du projet ont déclaré qu'avant de créer un système opérationnel, l'équipe passera deux ans à tester des prototypes et à se conformer à la réglementation.
L’existence d’un Internet souverain russe peut aussi aider à comprendre l’actuelle posture russe
L’une des idées derrière l’Internet souverain russe est de permettre à Moscou de se doter d’un poste de commandement unique à partir duquel les autorités peuvent gérer les flux d’informations dans le cyberespace russe (alias Runet) ; cela inclut la surveillance, la limitation ou le blocage de ces flux sur toute ou partie de l’étendue du cyberespace russe. Ce dernier s’appuie donc sur son propre système de noms de domaine pour lui permettre de continuer à fonctionner, ce, même s'il était coupé du web mondial. L'objectif, selon les autorités russes, est de « garantir un Internet stable, sûr et transparent. »
D’un point de vue technique, le Runet est architecturé autour de dispositifs spéciaux qui intègrent un logiciel de surveillance des milliers de points d’échange entre la Russie et le Web au sens large. Ces derniers sont chargés d’alimenter le centre névralgique d’analyse en temps réel des volumes et les types de trafic installé au sein du Roskomnadzor – le régulateur russe en matière de télécommunications.
D’après les retours des autorités russes, le premier test en 2019 s’est passé avec succès. « Il s'est avéré qu'en général, tant les autorités que les opérateurs de télécommunications sont prêts à répondre efficacement aux risques et menaces éventuels et à assurer le fonctionnement de l'Internet et du réseau unifié de télécommunications en Russie », a déclaré Alexei Sokolov – directeur adjoint du ministère du Développement numérique, des communications et des médias lors de la conférence dédiée.
En tout, quatre opérateurs de télécoms ont participé à l’opération au cours de laquelle 18 scénarios d’attaque ont fait l’objet de tests. Les résultats des tests seront présentés au président russe l'année prochaine. Une version finale du Runet est attendue depuis 2021.
Source : John Flannery
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