Les mineurs chinois représentent un peu plus de 70 % de la production de bitcoins. En d’autres termes, le réseau Bitcoin tire la plus grande part de la puissance de calcul nécessaire à son fonctionnement de la Chine. Quel avenir pour la cryptomonnaie qui mobilise la capitalisation boursière la plus importante si l’on ne peut plus compter sur les fermes de minage de Chine ? C’est un questionnement à mener, car le contexte l’impose. En effet, le gouvernement chinois devrait bientôt interdire le minage du bitcoin.
C’est ce qui ressort d’une récente déclaration du Comité de stabilité et de développement financier du gouvernement chinois qui est présidé par le principal représentant du président Xi Jinping pour les questions économiques et financières. La décision fait suite à l’interdiction par la Chine aux institutions financières et sociétés de paiement de fournir des services liés aux transactions en cryptomonnaies. L’actuel tableau est l’aboutissement d’un processus entamé il y a trois ans. La Chine projetait déjà de se débarrasser des activités liées au minage des monnaies cryptographiques. Ce positionnement avait débouché sur la publication d’un brouillon d’interdiction par le régulateur compétent en la matière. Les points saillants dudit document : guider les opérateurs de minage de cryptomonnaies vers une « sortie ordonnée » du marché ; limiter l’approvisionnement en électricité des acteurs impliqués dans les opérations de minages de monnaies cryptographiques ; lutter contre le blanchiment d’argent sur les plateformes d’échanges adossées à ces monnaies d’un nouveau genre ; enrayer les fuites de capitaux hors du pays.
La dernière déclaration du Comité de stabilité et de développement financier du gouvernement chinois reste grosso modo cohérente avec les points précédents en rapport avec la protection de l’économie chinoise :
« Il est nécessaire d'utiliser de manière exhaustive une variété d'outils de politique monétaire pour maintenir une liquidité raisonnable et suffisante, prévenir et désamorcer efficacement les risques financiers et promouvoir un cycle économique et financier vertueux. Il s'agit d'abord de servir davantage l'économie réelle. Une politique monétaire prudente doit être souple, précise, raisonnable et appropriée, continuer à mettre en œuvre des outils de politique qui touchent directement l'économie réelle, renforcer la vitalité des microsujets, stabiliser les entreprises et assurer l'emploi, et soutenir vigoureusement le développement des petites et microentreprises inclusives, la revitalisation rurale, l'industrie manufacturière, l'innovation technologique et la transformation verte. Le second est de prévenir et de contrôler résolument les risques financiers. Adhérer à la pensée de la ligne de fond, renforcer le balayage complet et l'alerte précoce des risques financiers, promouvoir la réforme des petites et moyennes institutions financières, se concentrer sur la réduction des risques de crédit, renforcer la supervision des activités financières des entreprises de la plateforme, réprimer les comportements de minage et de commerce de bitcoin, et empêcher résolument la transmission des risques individuels au champ social. Il est nécessaire de maintenir le bon fonctionnement des marchés des actions, de la dette et des devises, de réprimer sévèrement les activités illégales liées aux titres et de punir sévèrement les activités financières illégales. Il est nécessaire de se prémunir strictement contre les chocs de risques externes, de répondre efficacement à l'inflation importée, de renforcer la gestion de l'anticipation, de renforcer la supervision du marché et de préparer des plans de réponse et des réserves politiques. Troisièmement, il faut continuer à approfondir la réforme et l'ouverture. Promouvoir davantage la réforme des taux d'intérêt et des taux de change axée sur le marché et maintenir la stabilité fondamentale du taux de change du RMB à un niveau raisonnable et équilibré. Accélérer la réforme du marché des capitaux et promouvoir un développement de qualité du marché obligataire. Approfondir la réforme des institutions financières, revenir aux racines, rester sur la position et mener des activités d'investissement et de financement en accord avec le concept vert. Continuer à développer l'ouverture financière de haut niveau. »
Ce n'est pas le seul pays qui a les cryptos dans son viseur
La Chine n’est pas le seul pays avec le bitcoin dans son viseur. Le département du Trésor américain a décidé il y a peu que les transactions en cryptomonnaies supérieures à 10 000 dollars seront désormais déclarées à l'Internal Revenue Service (IRS). Au début du mois, des informations ont circulé selon lesquelles trois agences américaines, dont l'IRS, le ministère de la Justice et la Commodity Futures Trading Commission, enquêtaient sur la bourse de cryptomonnaies Binance pour de potentielles infractions pénales. Selon un rapport publié en 2020 par Chainalysis, une part importante des bitcoins illicites transite par ledit service de change.
Le durcissement de la position de la Chine à l'égard du bitcoin intervient alors que la cryptomonnaie fait l'objet d'un examen de plus en plus minutieux en raison de son empreinte carbone démesurée. Il y a moins de deux semaines, Elon Musk a annoncé que Tesla n'accepterait plus les bitcoins pour acheter l'un de ses véhicules électriques.
En effet, le bitcoin figure dans la liste des potentielles causes de coupures d’électricité en Iran. Si l’on considère le réseau Bitcoin comme un pays, alors ce dernier consomme plus d’énergie électrique par an que l’Argentine tout entière. C’est l’une des plus grosses tares que le réseau sous-jacent à la célèbre monnaie cryptographique traîne.
La consommation d’énergie du réseau Bitcoin n’est pas un bogue. Elle est liée au mécanisme d’émission des jetons. Dans le jargon de la cryptomonnaie, le processus prend le nom de minage. Le principal problème qui découle de cette méthode de validation des transactions est sa lourdeur de fonctionnement. La preuve de travail, qui demande un consensus global de chaque nœud sur la blockchain, requiert une quantité d’énergie considérable. Cet algorithme demande à chaque nœud de résoudre un puzzle cryptographique.
Ce puzzle est résolu par les mineurs qui entrent dans une sorte de compétition de laquelle le gagnant ressort avec une récompense en bitcoins. Cette récompense est accordée à un mineur lorsqu’il trouve le hash qui permettra la création d’un nouveau bloc. Mais trouver ce hash devient de plus en plus compliqué et nécessite l’usage d’un nombre chaque fois plus élevé de machines. C’est la raison pour laquelle certains construisent des fermes de minage, d’où les publications qui s’enchaînent et qui font état d’importantes consommations du « pays Bitcoin » À date, il consomme 121,36 TWh par an, selon l’analyse de l’université de Cambridge. Cette consommation devrait être revue à la hausse à l’avenir quand on prend en compte le fait qu’une augmentation du prix de la cryptomonnaie entraîne une augmentation de l’énergie nécessaire pour le minage. De même, les émissions de gaz à effet de serre dues au fonctionnement du réseau Bitcoin iront croissant.
C’est en raison de l’importance de cette consommation que ses détracteurs sont d’avis que « le bitcoin ne rend pas de réel service à l’humanité. » « C’est juste un énorme et inutile casino. Le bitcoin est exclusivement utilisé pour la spéculation et de façon marginale pour l’économie réelle », lançait Frank Leroy – défenseur de l’environnement – au premier trimestre de l’année en cours.
Source : Déclaration
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La Chine devrait bientôt interdire le minage du bitcoin
Après avoir proscrit la fourniture de services liés aux transactions en cryptomonnaies par ses institutions financières
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Le , par Patrick Ruiz
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