Les autorités françaises ont déclaré aux opérateurs de télécommunications prévoyant d'acheter des équipements Huawei 5G qu'ils ne seraient pas en mesure de renouveler les licences une fois expirées, ce qui a pour effet d'éliminer progressivement la société chinoise des réseaux mobiles, selon des déclarations de trois sources proches du dossier à Reuters.
Comme d'autres pays d'Europe, la France prépare le terrain pour son marché mobile 5G de nouvelle génération au milieu d'une tempête géopolitique croissante entre deux superpuissances mondiales. Les États-Unis affirment que l'équipement de la société pourrait être utilisé par le gouvernement chinois à des fins d'espionnage (une déclaration tout de suite contestée par Huawei et Pékin) et ont fait pression sur leurs alliés pour qu'ils l'interdisent à leur tour.
L'agence française de cybersécurité, l'ANSSI, a déclaré ce mois-ci qu'elle permettrait aux opérateurs d'utiliser des équipements, y compris ceux de Huawei, sous des licences de trois à huit ans. Mais elle a ajouté qu'elle exhortait les opérateurs télécoms n'utilisant pas actuellement l'équipement de la société chinoise à éviter de se tourner vers celui-ci.
Les exploitants doivent chacun demander des dizaines de licences pour des équipements couvrant différentes parties du pays. Les sources ont déclaré à Reuters que l'ANSSI avait informé les opérateurs de la plupart des décisions de licence pour les grandes villes. Elles ont déclaré que la plupart des autorisations pour les équipements Huawei étaient de trois à cinq ans, tandis que la plupart de celles pour les équipements des rivaux européens Ericsson ou Nokia étaient des licences de huit ans. Les décisions de l’ANSSI n’ont été rendues publiques ni par l’agence ni par les entreprises.
Les sources ont ajouté que les autorités françaises avaient également dit aux opérateurs lors de conversations informelles ces derniers mois que les licences accordées pour les équipements Huawei ne seraient pas renouvelées par la suite. Un porte-parole du bureau du Premier ministre, qui supervise les autorisations sur les équipements 5G, a déclaré que l'ANSSI travaillait avec des opérateurs dans le cadre juridique, ajoutant que toute autorisation accordée à l'heure actuelle n'empêchait pas de les renouveler ou de les interrompre ultérieurement.
De telles restrictions, cependant, équivaudraient à une élimination de facto de Huawei dans les réseaux 5G français d'ici 2028, compte tenu du court laps de temps des licences, selon les sources, qui ont refusé d'être nommées en raison de la sensibilité de la question. Les opérateurs français pourraient encore réussir à obtenir une autorisation de huit ans pour les équipements Huawei dans certains cas, et pourraient encore décider d'utiliser ses équipements pendant cette période, ont déclaré les sources. Mais même cela signifiait reviendrait à se priver progressivement d'Huawei, ont ajouté les sources.
L'une des sources a déclaré qu'il serait difficile pour un opérateur de télécommunications de prendre le risque d'investir dans des équipements Huawei, étant donné qu'une nouvelle technologie mobile comme la 5G prend au moins huit ans pour générer un retour sur investissement : « N'accorder que trois ans équivaut à un refus catégorique », a ajouté la personne.
Même son de cloche en Angleterre
Une interdiction effective serait particulièrement gênante pour Bouygues Telecom et Altice Europe SFR, les deux opérateurs télécoms français qui utilisent déjà les équipements de Huawei dans leur réseau mobile actuel. Les nouvelles autorisations pour les équipements de réseau 5G sont liées aux équipements 4G existants, ce qui signifie que si un opérateur choisit un fournisseur différent pour la 5G, il devra également remplacer son infrastructure 4G existante.
Les entreprises ont déjà dit à plusieurs reprises cette année qu'un tel scénario, dans lequel elles pourraient être contraintes de remplacer une partie de leur réseau à un coût élevé, les conduirait à demander une compensation à l'État.
Bouygues et Altice ont refusé de dire s'ils avaient demandé des licences Huawei ou s'ils avaient eu des conversations informelles avec l'ANSSI. Ils ont également refusé de dire s'ils abandonneraient désormais tout projet d'achat d'équipement Huawei.
Quant aux opérateurs Orange et Iliad, ils s'appuient principalement sur Nokia, Ericsson ou les deux pour leurs réseaux mobiles.
Du côté de l'Angleterre, les équipements de réseau de Huawei vont être retirés de ses réseaux 5G. Les opérateurs de télécommunications ne seront pas autorisés à acheter de nouveaux équipements de télécommunications 5G à la société chinoise à partir de janvier prochain. Ils disposent de sept ans pour retirer la technologie existante du constructeur chinois de leur infrastructure 5G. Le gouvernement britannique a annoncé il y a quelques jours le retrait total des équipements de Huawei de son réseau 5G d’ici à 2027.
« La position de la France est similaire à celle de la Grande-Bretagne, mais la communication du gouvernement est différente », a déclaré l’une des sources. « Huawei ne peut pas faire grand-chose à ce sujet. »
Source : Reuters
La France aurait imposé des limites aux équipements Huawei 5G
Qui reviendraient de facto à bannir la société chinoise de ses réseaux d'ici 2028
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Le , par Stéphane le calme
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