Elon Musk avait annoncé en avril dernier que la version bêta privée du projet Starlink commencerait dans environ trois mois, avec une disponibilité des services Starlink pour des clients au Canada et dans le nord des États-Unis. SpaceX vient d’avoir un nouveau client : l’armée de terre américaine. SpaceX a signé un nouvel accord avec l'armée américaine qui permettra à ce service de la Défense de tester le futur réseau à large bande par satellite Starlink de SpaceX pendant trois ans afin d'évaluer son utilité pour répondre à leurs besoins, a rapporté SpaceNews en citant une source de l’Armée.
Selon l’agence de presse, le 20 mai, US Army et SpaceX ont signé un accord de type Cooperative Research and Development Agreement (CRADA), a déclaré une source de l'armée. Cet accord permettra à l'Armée d'utiliser le service Starlink à large bande afin de déterminer s'il doit être déployé pour une utilisation plus large. A travers ce premier contrat, l'Armée cherchera à savoir quel type d'investissement elle doit engager dans l'infrastructure des stations au sol et à intégrer la connectivité réseau de SpaceX avec ses systèmes existants, a rapporté SpaceNews.
Le réseau Starlink de SpaceX, qui est toujours en cours de développement, vise à fournir une connectivité Internet à haut débit et à faible latence dans le monde entier en utilisant de petits satellites en orbite terrestre basse. La constellation de satellites a été spécifiquement déployée pour répondre aux besoins des clients situés dans des zones difficiles d'accès et mal desservies, avec une connectivité réseau que l'entreprise espère meilleure et plus fiable que les connexions par satellite existantes, qui reposent sur des satellites géostationnaires situés beaucoup plus loin de la Terre.
« Les accords CRADA sont couramment utilisés par l'armée pour évaluer les technologies et les services du secteur privé avant de s'engager à les acheter », a écrit SpaceNews. « Dans ce cas, l'armée veut pouvoir évaluer la performance du service Internet Starlink en orbite basse [LEO] lorsqu'il est connecté à des systèmes militaires. L'armée cherchera des réponses à des questions clés telles que les équipements au sol dont elle aura besoin pour utiliser Starlink et l'ampleur du travail d'intégration des systèmes qui pourrait être nécessaire », lit-on.
Le nouvel accord avec SpaceX « permettra à l'armée de comprendre les applications potentielles des avancées de pointe dans le domaine des "RF SATCOM" commerciales telles que la nouvelle constellation Starlink LEO et les développements de terminaux SATCOM modernes capables de suivre les satellites LEO », d’après l’agence de presse. L'accord avec SpaceX fait suite à d'autres CRADA que l'armée a signés avec des sociétés comme Kratos et SES pour évaluer l'utilisation des SATCOM commerciales.
US Army essaie de résoudre des problèmes de débit limité et d’un temps de latence élevé
Pour accéder à l’Internet durant ses opérations, l"armée de terre utilise actuellement des satellites traditionnels, géostationnaires et placés en orbite haute, qui offrent une connexion fiable, mais peu rapide. SpaceX déploie de son côté, dans le cadre de son projet Starlink, des satellites de petite taille. Les mini-satellites starrlink, placés en orbite basse et déployés en très grand nombre, visent à offrir une connexion haut débit depuis l’espace.
L'armée aurait pour objectif de renforcer sa connectivité satellitaire, car son système actuel d'accès aux satellites géostationnaires a une latence élevée et une faible capacité. « Les centres de commandement des opérations de l'armée accèdent aux satellites géostationnaires via de grandes antennes paraboliques montées sur des remorques et peu mobiles », a écrit SpaceNews, tout en citant un responsable de l'Armée.
Joseph Welch, directeur adjoint du programme de commandement, contrôle et communications tactiques (C3T), a déclaré que l'armée essayait de répondre à une demande croissante de connectivité sur le terrain, « Nous avons aujourd'hui un nombre limité de SATCOM dans nos formations de manœuvre », a-t-il déclaré lors d'une conférence à l'automne dernier. L'un des plus grands défis est l'intégration des applications matérielles et logicielles dans les formations de l'armée de terre, a-t-il dit. M. Welch a comparé le système actuel à une « paille de soda » parce qu'il ne fournit pas un débit suffisant pour soutenir ses utilisateurs.
SpaceNews a également écrit que « Pour utiliser le haut débit LEO comme Starlink, l'armée aura besoin d'antennes à écran plat pour suivre des milliers de satellites ». Il faudra déterminer le coût de déploiement de ce matériel. Comme on pouvait s'y attendre, l'armée évaluera également la sécurité dans le cadre de ses essais. En effet, une préoccupation est la sécurité des données acheminées vers les stations au sol. Actuellement, les satellites Starlink ne sont pas connectés dans l'espace par des liaisons optiques, de sorte que les données sont envoyées à des stations terrestres situées dans le monde entier. « L'armée américaine préfère utiliser des systèmes avec des liaisons intersatellites afin que les données puissent être acheminées jusqu'au point d'entrée souhaité », a écrit SpaceNews.
US Army et SpaceX devraient aussi répondre au problème de la dépendance du modèle d'exploitation de Starlink à l'égard des stations au sol, qui peuvent ne pas être accessibles à l'Armée sur n'importe quel théâtre d'opérations où elle se trouvera. Néanmoins, il est très possible que Starlink puisse répondre aux besoins de certaines de ses opérations et pas d'autres, mais apporter de grandes améliorations dans les domaines où il travaille.
Les plans de SpaceX pour fournir le haut débit par la constellation Starlink aux militaires
SpaceX prévoit d'offrir le haut débit dans le monde entier et dans certaines régions des États-Unis, en se concentrant prioritairement sur les zones à faible densité qui ne disposent pas du haut débit moderne. Mais en plus de son plan pour le haut débit résidentiel, SpaceX préparait déjà le terrain pour fournir le haut débit aux militaires. En octobre 2019, Gwynne Shotwell, directrice de l’exploitation de SpaceX, a déclaré à SpaceNews qu'il considérait l'armée comme un client potentiel du haut débit de la société. « Nous parlons à l'armée de Starlink et du Starship », a-t-elle déclaré à l'époque.
Shotwell a également déclaré en octobre que l'armée de l'air utilise Starlink pour tester des services Internet chiffrés pour les avions militaires, d’après un article de Reuters également publié en octobre 2019. « Nous fournissons une large bande passante dans le cockpit des avions de l'armée de l'air », a déclaré Mme Shotwell. « Pour l'instant, nous testons juste la capacité et trouvons comment la faire fonctionner », avait-elle ajouté.
Les contrats avec les branches militaires et d'autres grandes organisations peuvent être cruciaux pour assurer le succès financier de Starlink. Les entreprises de satellites LEO ont un historique de faillite, et le PDG de SpaceX, Elon Musk, a récemment déclaré que ce serait « un grand pas d'avoir plus de zéro [entreprises de satellites LEO] dans la catégorie des entreprises non en faillite ». En effet, la jeune pousse OneWeb, qui poursuit le même objectif, apparaissait également comme une rivale potentielle jusqu’à ce que la crise du coronavirus porte atteinte à sa santé financière et la conduise à la banqueroute en mars dernier. Amazon, avec son projet Kuiper, entend également déployer plusieurs satellites en orbite.
Les lancements de Starlink devraient se poursuivre à un rythme régulier tout au long de l'année, alors que SpaceX continue à développer son réseau de plusieurs centaines de satellites. Plus SpaceX a de satellites en orbite, plus sa portée géographique est grande et moins son réseau risque de connaître des interruptions de service. Outre le défi technique consistant à gérer une gigantesque flotte de satellites, chose qui n’a jamais été faite jusqu’à présent, ces entreprises doivent composer avec un autre défi : la pollution lumineuse. Starlink a en effet été vivement critiquée récemment pour ses satellites qui produisent des tracés lumineux dans le ciel nocturne.
Source : SpaceNews
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Le , par Stan Adkens
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