Dans plusieurs régions du monde, les États s’empressent de donner l’aval aux entreprises de télécommunication pour qu’elles déploient la 5G. Mais selon le chercheur américain Joel M. Moskowitz, les États devraient investir massivement pour financer les recherches sur les effets que la 5G pourrait avoir sur la santé de l’homme avant de songer à la déployer. Selon lui, à ce stade, il n’existe encore aucune recherche qui démontre que la 5G n’a aucun effet nocif sur l’homme ou dans quelles conditions ses effets négatifs seront moindres pour la santé de l'homme.
« Nous n'avons aucune raison de croire que le 5G est sans danger », a écrit Joel M. Moskowitz dans un billet de blogue la semaine dernière. Joel M. Moskowitz, PhD, est directeur du "Center for Family and Community Health au School of Public Health" de l'Université de Californie, Berkeley. Il traduit et diffuse la recherche sur les effets des rayonnements sans fil sur la santé depuis 2009, après que lui et ses collègues ont publié un article de synthèse selon lequel les utilisateurs de téléphones cellulaires à long terme sont plus exposés à un risque de tumeurs cérébrales.
Moskowitz écrit aussi pour le magazine Scientific American. Dans un billet de blogue publié la semaine dernière dans le magazine, il a déclaré que nous ne comprenons pas encore les risques liés à la technologie 5G et qu'une étude plus approfondie est nécessaire avant de commencer à la mettre en place. Moskowitz est persuadé que la 5G n’est pas aussi sûre que les acteurs des télécommunications essaient de le faire croire. « La technologie arrive, mais contrairement à ce que certains disent, il pourrait y avoir des risques pour la santé », a-t-il affirmé.
Pour Moskowitz, de nouvelles études sont plus que nécessaires pour comprendre les effets de la 5G
Pour Moskowitz, de nouvelles études sont plus que nécessaires pour comprendre à quoi l’on doit s’en tenir par rapport à la 5G afin de pouvoir définir de nouvelles limites d’exposition aux radiofréquences (RFR). Il a expliqué dans son billet que les limites d’exposition aux RFR actuelles aux États-Unis ont été adoptées vers la fin des années 1990. Elles sont fondées sur un changement de comportement chez les rats exposés à des rayonnements micro-ondes et ont été conçues pour nous protéger contre les risques de chauffage à court terme dus à l'exposition aux RFR.
La FCC (Federal Communications Commission) a adopté ces limites en se basant en grande partie sur des recherches menées dans les années 1980. Mais depuis, plus de 500 études ont révélé que les effets biologiques ou sanitaires nocifs de l'exposition aux RFR à des intensités trop faibles sont dangereux pour l'homme. Citant cet important corpus de recherche, environ 250 scientifiques ayant publié des études sur les effets biologiques et sanitaires des champs électromagnétiques non ionisants (CEM) ont signé l'International EMF Scientist Appeal, qui demande des limites d'exposition plus strictes.
En effet, Moskowitz a expliqué que contrairement à ce que l’on croit, il est déjà assez difficile de quantifier les effets que les technologies qui ont déjà été déployées possèdent sur la santé humaine. Non seulement ça, la 5G utilisera pour la première fois des ondes millimétriques en plus des micro-ondes qui ont été utilisées pour les technologies cellulaires plus anciennes, 2G à 4G. Leur portée étant limitée, la 5G va finalement nécessiter plus d'antennes que les anciens réseaux, ce qui représente un nombre important de personnes qui seront exposées aux RFR.
La 5G doit également utiliser de nouvelles technologies (comme des antennes actives capables de former des faisceaux, des réseaux phasés, et encore des entrées et sorties massives, appelées MIMO) qui posent des défis uniques pour mesurer les expositions. En tenant compte de toutes ces raisons, Moskowitz pense que les régulateurs devraient écouter les 250 médecins et scientifiques qui ont signé l'appel 5G, une pétition pour un moratoire sur le déploiement public de la technologie jusqu'à ce que les implications sanitaires soient mieux comprises.
Il a expliqué de long en large que de nouvelles limites d'exposition sont nécessaires tenant compte de ces effets différentiels. Ces limites devraient être fondées sur un effet biologique et non sur un changement de comportement chez un rat de laboratoire. « En tant que société, devrions-nous investir des centaines de milliards de dollars pour déployer la 5G, une technologie cellulaire qui nécessite l'installation d'au moins 800 000 nouveaux sites d'antennes cellulaires aux États-Unis, à proximité de nos lieux de résidence, de travail et de loisirs », a-t-il demandé.
« Au lieu de cela nous devrions soutenir les recommandations des 250 médecins et scientifiques qui ont signé l'appel 5G qui demande un moratoire immédiat sur le déploiement de la 5G et exige que notre gouvernement finance la recherche nécessaire pour adopter des limites d'exposition fondées sur la biologie afin de protéger notre santé et notre sécurité », a-t-il poursuivi. La principale préoccupation de Moskowitz est qu’il n’existe à ce jour aucune recherche sur les effets de la 5G sur la santé alors que la technologie pourrait avoir des effets secondaires.
La 4G pourrait avoir été, selon lui, à l’origine de plusieurs maladies qui ont été enregistrées ces dernières années.
« Comme la 5G est une nouvelle technologie, il n'existe pas de recherche sur les effets sur la santé, nous sommes donc aveugles », a-t-il écrit. Cependant, il a avancé que nous disposons d'une quantité considérable de données sur les effets nocifs de la 2G et de la 3G. « On sait peu de choses sur les effets de l'exposition à la 4G, une technologie vieille de 10 ans, parce que les gouvernements ont négligé de financer cette recherche », a-t-il continué. Cela pourrait être, selon lui, à l’origine de plusieurs maladies qui ont été enregistrées ces dernières années.
« Entre-temps, nous constatons une augmentation de certains types de tumeurs de la tête et du cou dans les registres de tumeurs, ce qui pourrait être attribuable, du moins en partie, à la prolifération du rayonnement des téléphones cellulaires. Ces augmentations concordent avec les résultats d'études cas-témoins sur le risque de tumeur chez les utilisateurs de téléphones cellulaires lourds », a-t-il écrit. Toutefois, il n’est pas le seul qui fait une fixation sur les RFR. L’OMS les a classés comme probablement cancérogènes depuis 8 ans maintenant.
En 2011, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé les RFR comme « probablement cancérogènes » pour les humains. Moskowitz a aussi cité une série d’études pour s’illustrer. L’une d'elles, menée par le National Toxicology Program (NTP) des États-Unis en 2018, a permis d'établir que deux années d'exposition aux RFR des téléphones cellulaires ont augmenté le nombre de cancers chez les rats mâles et d'ADN endommagé chez les rats et les souris des deux sexes.
Notons que la 5G est la cinquième génération des standards pour la téléphonie mobile, faisant suite à la 4G. La technologie 5G est considérée par certains comme une « technologie clé » qui pourrait permettre, à l'horizon fin 2019 à début 2020, des débits de télécommunication mobile de plusieurs gigabits de données par seconde, soit jusqu'à mille fois plus rapides que les réseaux mobiles en 2010 et jusqu'à 100 fois plus rapides que la 4G. Telles sont les avantages cités pour la nouvelle technologie, mais tout le monde ne voit pas que les avantages de la 5G.
Des groupes constitués d’individus de toutes catégories ont rempli la toile d’informations contraires et militent contre tout déploiement de la 5G. Plus tôt dans l’année, des groupes ont allégué que les antennes de la technologie 5G seraient à l’origine de la mort par centaine d’oiseaux et des perturbations des prévisions météo. L’inquiétude a envahi plus d’un. Dans certaines villes d'Europe, les déploiements ont été arrêtés, en attendant les résultats des recherches pour en savoir plus sur les effets nocifs des antennes 5G afin d’adopter de nouvelles limites d'exposition aux RFR.
Source : Scientific American
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De nouvelles études sont plus que nécessaires pour comprendre les effets de la 5G, dit-il
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Le , par Bill Fassinou
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