
Afin de calculer pleinement le PIB d'un pays à l’ère du numérique
Les services Internet gratuits, tels que les moteurs de recherche, les médias sociaux et le courrier électronique, ont profondément influencé chacun des comportements humains depuis si longtemps. Cependant, la valeur que ces révolutions numériques – comme le GPS ou Facebook – ont ajoutée à l'économie est restée largement inconnue, jusqu'à maintenant. C’est la valeur que ces services gratuits apportent à l’économie réelle que la Réserve fédérale des États-Unis tente de déterminer afin de pouvoir calculer pleinement le PIB d'un pays à l’ère numérique, d’après un rapport de CNBC.
Selon CNBC, la détermination de cette valeur « pourrait aider la banque centrale à résoudre l'un des paradoxes les plus troublants de l'économie moderne : L'expansion actuelle est la plus longue de l'histoire, mais les gains de productivité sont faibles et la croissance du PIB, bien que constante, est loin d'être spectaculaire ».
Comme l'a rapporté CNBC, le président de la FED, Jérôme Powell, l'a souligné dans un discours prononcé la semaine dernière lors d'un congrès annuel d'économistes, dont le thème était l'intégration des économies anciennes et nouvelles. Selon lui, le problème réside dans les données elles-mêmes. En effet, le PIB (produit intérieur brut) mesure la valeur des produits et services qui sont achetés et vendus. Mais beaucoup des plus grandes innovations technologiques les plus populaires de l'ère d'Internet – Moteurs de recherche, courrier électronique, GPS, même Facebook – sont gratuites. Pour cette raison, les statistiques économiques officielles, qui ne sont pas adaptées, ne peuvent donc pas saisir les avantages qu'elles génèrent pour les entreprises et les consommateurs, a rapporté CNBC.
« De bonnes décisions exigent de bonnes données, mais les données en main sont rarement aussi bonnes que nous le souhaiterions », a dit M. Powell, selon le rapport.
Lors de son discours, le président de la FED a cité un article de l'économiste du MIT Erik Brynjolfsson publié plus tôt cette année. Erik Brynjolfsson est l'un des universitaires les plus éminents qui se focalisent sur l'intersection de la technologie et de l'économie, selon CNBC. L’article, publié en collaboration avec Avinash Collis du National Bureau of Economic Research et Felix Eggers de l'Université de Groningen aux Pays-Bas, décrit des enquêtes massives menées par les auteurs pour estimer la valeur monétaire que les utilisateurs accordent aux outils de la vie moderne.
Le PIB et d’autres mesures dérivées comme la productivité mesurant également le bien-être, et les variations du surplus du consommateur fournissant une mesure supérieure et plus directe de l'évolution du bien-être, en particulier pour les biens numériques, d’après l’article des auteurs de l’étude, les chercheurs ont exploré le potentiel des expériences massives de choix en ligne pour mesurer le surplus du consommateur.
Leur enquête a révélé les éléments d'information intéressants suivants, qui donnent un aperçu de ce que valent les services Internet gratuits comme Google, Facebook, Twitter et d'autres services pour les gens, selon le rapport de CNBC :
- Le coût annuel médian pour amener un utilisateur à quitter YouTube ou un streaming vidéo similaire est de 1 173 dollars ;
- Un utilisateur moyen serait prêt à abandonner Facebook pendant un mois pour environ 48 dollars, soit environ 576 dollars par an ;
- Les consommateurs auraient besoin d'un prix médian de 17 530 dollars par année pour cesser d'utiliser Google et d'autres moteurs de recherche, ce qui ferait des moteurs de recherches le service numérique le plus utile.
Selon CNBC, les chercheurs ont également mené d’autres enquêtes plus limitées auprès d'étudiants en Europe sur d'autres plateformes populaires, qui ont permis d’évaluer Snapchat à environ 2,17 euros par mois, LinkedIn pourrait être abandonné pendant un mois pour environ 1,52 euro. Il faudrait 536 euros pour qu’un utilisateur abandonne WhatsApp, soit 6 432 euros par an. Twitter, cependant, a été évalué à zéro euro, selon le rapport de CNBC.
M. Brynjolfsson a déclaré à CNBC : « Avec le temps, nous passons de plus en plus de temps à interagir avec Internet ou à utiliser ces services sur nos téléphones portables ». « Une plus grande part de notre économie est manquée par le PIB », a-t-il ajouté. Il a, par ailleurs, recommandé que, pour remédier à la situation, les économistes devraient commencer à s’intéresser à ce qu'il appelle le PIB-B, une nouvelle mesure de la santé économique qui calcule le bénéfice plutôt que la production. Selon M. Brynjolfsson, les gains de bien-être de Facebook à lui seul auraient ajouté de 0,05 à 0,11 point de pourcentage à la croissance annuelle, s’ils sont correctement mesurés.
« Ce qui nous importe vraiment si nous voulons savoir dans quelle mesure les gens sont bien nantis, c'est le surplus du consommateur - combien d'avantages vous recevez - pas combien vous payez réellement », a dit M. Brynjolfsson.
D’après CNBC, d’autres efforts sont en cours au sein de la FED afin de valoriser l'économie numérique. M. Powell a également souligné la recherche de David Byrne et de Carol Corrado qui utilise le volume de données transmises par large bande, câble et WiFi pour estimer la valeur des produits et services en ligne. Selon leur recherche, si l'ensemble de l'économie numérique avait été intégré, le PIB aurait été supérieur d'un demi-point de pourcentage en dix ans.
Selon un commentaire du sujet, l’évaluation des moteurs de recherche comme le service numérique le plus utile ressemble à un début d’établissement d’une nouvelle taxe sur les moteurs de recherche.
Source : PNAS
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