La multiplication des équipements mobiles et l'avènement de l’IoT ont contribué à augmenter la demande en adresses Internet Protocole. Cependant, le nombre d'adresses IPv4 est limité et insuffisant pour répondre à l'explosion de la demande de nouvelles adresses pour les appareils connectés qui continuent à arriver sur le marché. En effet, l'économie des adresses IP n'a pas été une préoccupation au début d'Internet. Certaines entreprises se sont vues attribuer des blocs /8 (soit 16 millions d'adresses) ou /16 (65536 adresses) qui dépassaient souvent largement leurs besoins réels.
Maintenant que la pénurie d’adresses IPv4 s’accélère et que l'épuisement de ces adresses, sur lesquelles repose historiquement le fonctionnement de l’Internet, devrait survenir plus tôt que prévu, la migration vers le protocole IPv6 devient impérative. A l’occasion de la publication de son rapport 2019 sur l’état de santé de l’Internet en France, l’Arcep, le régulateur des télécoms a rendu ses mises à jour publiques et est revenu sur le déploiement de l'IPv6 en France. Prévu l’année dernière pour 2021, l’Arcep estime désormais que la pénurie d’adresses IPv4 interviendra d’ici juin 2020.
Pour rappel, en février 2011, l’IANA (Internet Assigned Numbers Authority) qui supervise l'allocation globale des adresses IP, indiquait qu’il avait épuisé les blocs /8 d’adresses IPV4 destinées aux registres internet régionaux (RIR). Ensuite, progressivement, les RIR ont épuisé leur stock à leur tour. C’est l’APNIC ou Asia-Pacific Network Information Center qui dessert le continent asiatique qui a déclaré au cours de la même année, être à court d’adresse IPV4. Ce fut alors au tour à l’Europe (RIPE) en 2012 de s’essouffler.
La saturation, de plus en plus proche, doit faire réagir les acteurs du Net, pour qu'ils prennent des dispositions pour garantir, dans les temps, l'adoption de l'IPv6, la nouvelle version du protocole, qui offre un stock d’adresses utilisables pratiquement sans limites. Mais visiblement le régulateur n’est pas en phase avec le rythme adopté par les acteurs de l’Internet pour cette migration. Dans un communiqué publié sur son site Web, l’Arcep a écrit :
« La lenteur de la migration peut d’une part provoquer le dysfonctionnement de certaines catégories de services sur Internet du fait de systèmes de partage d’adresse IPv4 entre plusieurs clients mis en place pour faire face à la pénurie ».
En 2018, les esprits commençaient déjà à s’inquiéter de l’échéance d’épuisement des adresses IPv4 qui avait été estimé pour 2021. Ils devraient être davantage inquiets maintenant que l’échéance devrait encore se rapprocher dans les mois qui viennent. Dans son communiqué, l’Arcep a soulevé quelques difficultés liées à l’épuisement imminent des adresses IPV4 :
« L’épuisement du stock des adresses IPv4 disponibles entraîne d’ores et déjà une augmentation significative du prix de ces adresses, ce qui est susceptible d’engendrer une barrière à l’entrée à l’encontre des nouveaux acteurs sur Internet ». Ce qui va contre les principes de « l’Internet comme bien commun » et de « garantir un Internet ouvert » que prône le régulateur français.
Selon le gendarme des télécoms, il restait très exactement 3,506 millions d’adresses publiques disponibles au registre régional concernant l’Europe et le Moyen-Orient au moment où il publiait son rapport. L’Arcep, pour attirer l’attention des acteurs qui ne sont pas pressés pour procéder à la migration vers le protocole IPv6, va mettre à jour de façon hebdomadaire ses prévisions pour offrir une sorte de compte à rebours consultable en ligne.
Le protocole IPv4, utilisé sur Internet dès ses débuts, offre un espace d'adressage de près de 4,3 milliards d'adresses IP. Or, le succès d'Internet, la diversité des usages et la multiplication des objets connectés ont eu comme conséquence directe l'épuisement progressif des adresses IPv4, certaines régions du monde étant touchées plus que d'autres. Selon le baromètre annuel de la transition vers IPv6 en France de l’Arcep publié en octobre 2018, les quatre principaux opérateurs français (Bouygues Telecom, Free, Orange, SFR) avaient déjà affecté entre environ 88 % et 99 % des adresses IPv4 qu’ils possèdent, à fin juin 2018.
Selon un bilan d’utilisation d’adresses IPv4 dressé par la NRO (Number ressource Organization) américaine depuis octobre 2010, alors qu'en janvier 2010, 10 % des adresses de ce protocole restaient à pourvoir, il n'en était resté que 5 % en octobre de la même année, et même un peu moins. Dans cet intervalle de temps, ce sont plus de 200 millions d'adresses Ipv4 qui avaient été allouées.
L’espace d’adressage IPv6 représente donc l’avenir de l’Internet. IPv6 (Internet Protocol version 6) est un protocole réseau sans connexion de la couche 3 du modèle OSI (Open Systems Interconnection). IPv6 est l'aboutissement des travaux menés au sein de l'IETF au cours des années 90 pour succéder à IPv4. Il est la relève de l’IPv4 et est finalisé depuis décembre 1998, mais la transition est extrêmement lente.
Pour accompagner la transition vers l’IPv6, l’Autorité de régulation contribue à l’animation de la communauté dans le but de favoriser l’échange de bonnes pratiques entre acteurs et mettra en place, au second semestre 2019, dans cet objectif, une Task-Force dédiée à IPv6, d’après le rapport 2019 de l’Arcep.
Pour stimuler un peu le marché, le régulateur avait organisé le 10 octobre dernier « un atelier de travail dédié au partage d’expériences et de bonnes pratiques utiles à la transition vers IPv6 », en partenariat avec l'Internet Society France (ISOC). Cette rencontre entre différents acteurs a permis de faire remonter les « nombreux freins au déploiement d’IPv6 » qui a démarré pourtant depuis 2003. Cette migration pourra-t-elle être faite par tous les maillons de la chaine avant la nouvelle date d’échéance ?
Source: Arcep
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La pénurie des adresses IPv4 devrait survenir plus tôt que prévu,
Et le régulateur français appelle à l'urgence dans la migration vers l'IPv6
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Le , par Stan Adkens
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