Les actionnaires de la plus grande plateforme de réseau social au monde sont furieux de la façon dont le PDG Mark Zuckerberg a géré une série de scandales sur Facebook, y compris l'interférence dans les élections américaines de 2016 à partir du réseau social et la violation géante de données par le cabinet Cambridge Analytica révélé l'an dernier. Ce mécontentement envers le fondateur, Président du conseil d’administration et Directeur général a atteint de nouveaux sommets. Lors l’assemblée annuelle des actionnaires le 30 mai dernier, 68 % des actionnaires qui ne sont ni dans la direction ni dans le conseil d’administration de la société ont voté en faveur de la séparation des fonctions de président du conseil et de chef de la direction et de l'éviction de Zuckerberg de son poste de président, même si cela n’a pas suffi à instaurer une présidence indépendante sur Facebook.
La révolte des actionnaires de Facebook vient de passer à une autre phase, selon les résultats du vote des investisseurs déposé lundi. Lors de son assemblée annuelle des actionnaires la semaine dernière, ces derniers ont voté sur une série de propositions et les résultats soulignent la colère parmi les investisseurs extérieurs. Ces investisseurs pensent que l'entreprise gagnerait à ce qu'un président indépendant demande des comptes à Zuckerberg et à son équipe dirigeante. Selon une analyse des résultats effectuée par Open Mic, une organisation qui travaille avec des actionnaires activistes pour améliorer la gouvernance d'entreprise dans les plus grandes entreprises américaines, les actionnaires indépendants ont massivement soutenu deux propositions pour affaiblir le pouvoir de Mark Zuckerberg.
En avril dernier, Business Insider a révélé huit propositions des actionnaires activistes de Facebook contenues dans un dépôt effectué plus tôt par l’entreprise à la SEC (Securities and Exchange Commission), annonçant son assemblée annuelle des actionnaires du 30 mai. Deux de ces propositions montraient la volonté des investisseurs d’apporter des changements dans la direction de Facebook. Dans l’une des propositions, les investisseurs voulaient évincer Zuckerberg en tant que président du conseil d'administration de Facebook en faveur de l'embauche d'un dirigeant indépendant. Dans l’autre proposition, les investisseurs voulaient instaurer de nouveaux « mécanismes équitables et appropriés permettant d'éliminer les droits disproportionnés des actionnaires de classe B ».
A l’issue du vote du 30 mai, environ 68 % des investisseurs externes ont exprimé qu’ils ne veulent plus voir M. Zuckerberg au poste de président et veulent plutôt faire venir une personnalité indépendante à la présidence du conseil de Facebook. Les investisseurs adhèrent davantage à cette proposition. En 2017, 51 % des investisseurs avaient voté en faveur d'une proposition presque identique, d’après Business Insider.
En 2017, des actionnaires avaient fait une proposition visant à obtenir un président indépendant, mais elle a connu d’importantes oppositions parmi les investisseurs. Certains gros investisseurs tels que les fonds Vanguard Total Stock Market Index et Fidelity Contrafund avaient voté contre la proposition. En octobre 2018, quatre grands fonds publics américains, investisseurs de Facebook, se sont joints au premier groupe et ont proposé, à nouveau, de démettre Mark Zuckerberg en tant que président-directeur général au profit d’un président indépendant. Ils avaient justifié leur proposition par la série de scandales notoires dans lesquels le réseau social a été impliqué depuis un certain temps.
En effet, pendant que Zuckerberg continue sa domination sur Facebook, les contenus sur sa plateforme de réseau social sont militarisés pour propager l'ingérence électorale, la violence, le discours haineux, le harcèlement sexuel, la publicité discriminatoire et les violations rampantes de la vie privée. Le plus important scandale de données personnelles a affecté plus de 87 millions de personnes à travers le monde. L’année dernière, une faille de sécurité exploitée par une attaque qui a permis aux pirates de prendre le contrôle des comptes des utilisateurs. A la suite de cette violation de sécurité, considérée comme la plus importante de l’histoire de Facebook, des identifiants de connexion à Facebook des utilisateurs se seraient retrouvés sur le marché obscur du Web pour environ 3 $, selon un rapport.
Une autre proposition chère aux investisseurs externes a été approuvée le 30 mai à la majorité par ces derniers. En effet, 83,2 % de ces investisseurs ont soutenu la proposition visant à supprimer la structure à deux classes d'actions de Facebook. Mais les réformes n'ont jamais été susceptibles d'être adoptées, car les actionnaires indépendants n'ont pas assez de voix pour se débarrasser de Zuckerberg en tant que président, puisqu'il contrôle la majorité des actions.
Pour rappel, Facebook a une structure d'actions à deux classes. Pour les actionnaires de « classe A », une action équivaut à une voix, mais pour les actionnaires de « classe B », une action représente dix voix. Dans cette dernière classe, Zuckerberg et son entourage détiennent environ 18 % du total des actions, selon CNBC, ce qui équivaut à environ 70 % des voix, et Zuckerberg lui-même en détient 60 %.
Dès que les propositions ont été déposées en avril dernier, Facebook a demandé que ses actionnaires rejettent la proposition, comme aux précédentes assemblées annuelles. « Nous croyons que notre structure du capital est dans le meilleur intérêt de nos actionnaires et que notre structure de gouvernance actuelle est saine et efficace », a-t-il dit. Zuckerberg et ses collègues ont encore rejeté la proposition du président indépendant et les plans d'actions à deux classes malgré le soulèvement des investisseurs extérieurs. En d'autres termes, si Zuckerberg et ses plus proches alliés ne sont pas d'accord avec les actionnaires, ils pourront toujours s’imposer tant que la structure de la gestion actuelle de Facebook restera en l’état.
Toutefois, selon une déclaration envoyée à Business Insider par Michael Connor, directeur exécutif d'Open Mic, les résultats du vote des actionnaires externes envoient un message clair à la direction de Facebook. « Les résultats parlent d'eux-mêmes. Mark Zuckerberg et le conseil d'administration de Facebook doivent écouter les actionnaires de l'entreprise. L'arrogance ne remplace pas la bonne gouvernance d'entreprise », a-t-il dit. Jonas Kron, qui dirige l'actionnaire activiste Trillium Asset Management, l’investisseur de Facbook qui a proposé la nomination d'un président indépendant en 2017, a également déclaré : « Les investisseurs sont clairement préoccupés et veulent du changement. Ce niveau de soutien est rarement vu dans les propositions d'actionnaires ».
Dans un communiqué, Michael Frerichs, trésorier de l'État de l'Illinois, qui investit également dans Facebook, a déclaré :
« Les investisseurs indépendants de Facebook conviennent qu'il est temps pour l'entreprise de séparer les rôles de président du conseil d'administration et de chef de la direction ». « Pour l'instant, M. Zuckerberg est à la fois président du conseil d'administration et PDG, il est son propre patron, et il est clair que ça ne marche pas », a-t-il ajouté.
Selon Forbes, lorsqu’un autre membre de l'auditoire a demandé à Susan Desmond-Hellmann, membre du conseil d'administration de Facebook, si elle envisageait de convoquer une réunion au sujet de la destitution de Zuckerberg, elle a dit « La réponse est non ». « L'entreprise, le conseil d'administration et moi-même sommes à l'aise avec l'arrangement opérationnel actuel, où Mark est président et chef de la direction », a-t-elle ajouté.
Cette situation pourrait-elle changer un jour tant que le fondateur, président du conseil d’administration, directeur général et actionnaire majoritaire de Facebook sera toujours aux commandes de l’entreprise ? Toutefois, les actionnaires connaissaient la situation lorsqu’ils ont choisi d’investir dans des actions de « classe A » de Facebook. Qu’il refoule leurs propositions par la force de ses droits de vote, il est pour l’instant dans ses droits, même si Facebook a grand besoin d’une meilleure direction pour se sortir de ses problèmes actuels. Néanmoins, ce vote augmente la pression sur les dirigeants de la société. Un juge des Etats-Unis a, par ailleurs, obligé Facebook à remettre aux actionnaires des informations sur sa manière de gérer la confidentialité des données utilisateur, selon Reuters.
Source : Business Insider
Et vous ?
Quels commentaires faites-vous des 68 % du vote des actionnaires externes ?
Pensez-vous qu’avec un président indépendant, Facebook parviendra à minimiser les scandales ?
Pensez-vous que les actionnaires parviendront un jour à évincer Zuckerberg de la présidence du conseil d’administration de Facebook ?
Lire aussi
Facebook pense que la confidentialité sur les réseaux sociaux n'existe pas, et qu'il n'y aurait pas de vie privée en ligne
Facebook : Les actionnaires influents s'associent pour révoquer Zuckerberg en tant que président, afin d'améliorer la surveillance du réseau social
Un juge US oblige Facebook à remettre aux actionnaires des courriels et d'autres informations, sur sa manière de gérer la confidentialité des données
Les actionnaires de Facebook forcent un vote pour évincer Mark Zuckerberg du poste de président, et imposer une nouvelle gouvernance du réseau social
Les actionnaires de Facebook en ont assez de Marc Zuckerberg, mais ne peuvent rien faire contre lui, en voici les raisons
La révolte des actionnaires de Facebook devient sanglante : les investisseurs impuissants votent massivement
Pour évincer Zuckerberg de la présidence
La révolte des actionnaires de Facebook devient sanglante : les investisseurs impuissants votent massivement
Pour évincer Zuckerberg de la présidence
Le , par Stan Adkens
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !